Dès l'âge de onze ans, encouragé par son père, il se destina à la peinture, et fit des essais impression-nistes qui lui valurent d'être invité en 1925 par Meier-Graefe au Salon de la Berliner Sezession. En 1927, il suivit l'enseignement de Hans Hofmann à Munich. Au début, il ne signait pas ses toiles, et les jetait une fois achevées, ne s'intéressant qu'a l'acte de peindre, non à son résultat. Dès 1929, installé à Paris, il se mit à étudier l'art primitif ; les idoles des Cyclades l'influencèrent, et lui inspirèrent les peintures de ce qu'on a appelé sa « période cycladique ». Sa pre-mière exposition à Paris, galerie Vignon, en 1934, réunissant des tableaux gris, où la couleur s'effaçait au profit de la forme, fut placée sous l'égide du groupe Abstraction-Création. Sa deuxième exposi-tion, en 1936, à la galerie Pierre, marque la date de son adhésion au surréalisme. Il inventa la technique du fumage, consistant à interpréter les traces lais-sées sur une surface par la flamme d'une bougie, et composa ainsi des paysages fantastiques peuplés de spectres menaçants, comme Paysage totémique de mon enfance (1937, Londres, Grosvenor Gallery) ou la série intitulée Combat des Princes saturniens. Il créa aussi de curieux objets, tel son parapluie à la voûte faite d'éponges, Nuage articulé (1937 Stockholm, Moderna Museet). Émigrant en 1939 au Mexique, il organisa à Mexico en 1940, en collaboration avec André Breton et César Moro, une Exposition inter-nationale du surréalisme à la Galerfa de Arte Mexicano. Il rompit peu après avec le surréalisme pour fonder le mouvement Dynaton, auquel s'associèrent les peintres Gordon Onslow-Ford et Lee Mullican, et dont il exprima les théories dans la revue Dyn (1940- 1944). Paalen voulut dès lors réaliser une « cosmo-gonie plastique », et peindre ce qu'il nommait « l'image préfigurative », représentant ce qui sera, non ce qui est. Il évoqua le devenir universel, soit en interpré-tant le monde minéral (Mère Agate, 1946), soit en utilisant des signes imités de l'art indien dont il était grand collectionneur. Il fit deux expositions parti-culières à New York, en 1940 chez Julien Levy et en 1945 à la galerie Art of this Century, et publia un livre, Form and Sense (Wittenborn, 1945). Après avoir présenté une manifestation Dynaton au Museum of Modern Art de San Francisco en 1951, Paalen vint à Paris, renoua avec André Breton, et réaffirma sa foi dans le surréalisme. Sa dernière exposition, en 1958, à la Galeria Antonio Souza de Mexico, fut particuliè-rement éclatante ; l'année suivante, il se suicida sur un haut plateau désertique. En octobre 1967, une rétrospective lui fut consacrée au Museo de Arte Moderno de Mexico.

Wolfgang Paalen

Né à Vienne en 1905, mort en 1959 près de Mexico. 

The Strangers, Huile sur toile, 1937