Quand il naquit, son père, un commerçant chinois originaire de Canton, avait quatre-vingt-quatre ans ; il vivra d'ailleurs jusqu'à cent huit ans. Sa mère était mulâtre, et il fut le dernier de huit enfants. De 1920 à 1923, il suivit les cours de l'Académie San Alejandro à La Havane. Il se rendit en 1924 à Madrid pour se per-fectionner, continua ses études sous la direction de Fernando Alvarez de Sotomayor, conservateur du musée du Prado, et exposa ses premières oeuvres à la galerie Vilches. Ayant perdu en 1931 sa femme et son fils, morts tuberculeux, il fut obsédé par le thème des maternités tragiques, et peignit un grand nombre de figures douloureuses de mères et d'en-fants. En 1938, il séjourna à Paris, où son exposition à la galerie Pierre enthousiasma Picasso qui le prit sous sa protection.


Adopté par le groupe surréaliste, Lam quitta en 1941 la France sur le bateau qui emportait aussi Breton, Masson, Lévi-Strauss. Après une étape forcée à la Martinique, où il rencontra Aimé Césaire, il parvint à La Havane. Il y résida jusqu'en 1952. En 1942 furent réunis à la galerie Pierre Matisse de New York des tableaux de jungle qui établirent sa renommée. Il évoque alors dans son oeuvre la faune et la flore en les assimilant à une démonologie, comme dans Les Noces (1947, Berlin, Staatliche Museen) et Végétation tropicale (1948, Stockholm, Moderna Museet). Il reçut en 1951 le Premier Prix du Salon National de La Havane. Voyageant en France, en Italie et aux États-Unis, lauréat en 1953 du prix Lissone, membre de la Graham Foundation de Chicago, il mena une vie cosmopolite. En 1960, il épousa Lou Laurin, et se partagea désormais entre un apparte-ment à Paris et une résidence à Albissola, près de Gênes. Considéré par Fidel Castro comme le grand peintre national cubain, son tableau Le Tiers Monde (1966) décore le palais présidentiel de La Havane. Il a publié une série de gravures en couleurs, Images (Carlo Grosetti, Milan, 1962), illustré différents livres, et a eu des rétrospectives à Bâle en 1966 et au Moderna Museet de Stockholm en 1967. Aimé Césaire a écrit : « Wifredo Lam ne regarde pas. Il sent. Il sent le long de son corps maigre et de ses branches vibrantes passer, riche de défis, la grande sève tropicale. »


Peu après sa mort s'ouvrit le 23 mars 1983 la rétro-spective Wifredo Lam au centre Georges-Pompidou. Des expositions posthumes ont fait valoir divers aspects de sa personnalité, comme « Lam métis » au musée Dopper de Paris en 2002, ou « Lam et les poètes » en 2005 au musée Campredon-Maison René Char de l'Isle-sur-la-Sorgue, qui révéla ses qualités d'illustrateur.

Wifredo Lam

Né en 1902 à Saqua la Grande, Cuba, mort en 1982 à Paris. 

The Jungle, Gouache sur papier, 1943