Après ses études à l'Athénée royal de Malmédy, il fit de nombreux voyages à pied en Europe. Au cours d'un séjour en Dalmatie, il dessina et photographia des pierres. Il s'installa à Paris en 1933, et s'exprima d'abord par des recherches photographiques origi-nales : portraits et nus de sa compagne Agui (Agathe Schmidt), photocollages et photomontages qu'il exposa en 1935 à la galerie Gravitations. Il prenait durant cette période le pseudonyme de Raoul Michelet. Dès son entrée dans le groupe surréaliste en 1936, il fit ses séries Triomphe de la stérilité, Penthésilée, Combats, Les Murs et Objets fossiles, en utilisant les procédés du paraglyphe (effet de relief) et de la solarisation. Certaines de ses oeuvres furent des assemblages de plusieurs photographies en une seule. Il inventa le brûlage, consistant à plon-ger le négatif dans l'eau chaude avant de le mettre dans l'agrandisseur, pour créer des images comme Nébuleuse et L'Envers de la face. Pendant la guerre, il alla résider quelque temps à Bruxelles, puis parti-cipa aux activités des surréalistes résistants de La Main à plume en France. En novembre 1943, la librairie-galerie Francis Dasté à Paris exposa douze photo-graphies et onze dessins de lui. À partir de 1946, il fera des ardoises gravées et des gouaches. Combinant les techniques, il réalisera aussi des tableaux avec des morceaux d'ardoise intégrés dans la surface peinte (Tableau aux fragments d'ardoise, 1955, Pittsburgh, Carnegie Museum of Art). Ses thèmes principaux furent alors les Labours et les Torses, plus tardivement des Nus. En 1968, Ubac eut ses pre-mières rétrospectives aux palais des Beaux-Arts de Charleroi et de Bruxelles, et au musée d'Art moderne de Paris. Les commandes publiques dont il fut sur-chargé - vitraux, tapisseries, murs d'ardoise - le détournèrent du surréalisme. Seules ses illustrations pour les poèmes d'André Frénaud et de Christian Dotremont rappelèrent son inspiration ancienne. Pour satisfaire les collectionneurs, il dut faire de nou-veaux tirages de ses photographies surréalistes d'autrefois. À la fin de sa vie, ses dernières rétrospec-tives furent celle de la fondation Maeght à Saint-Paul-de-Vence en 1978, et celle du musée Saint-Georges de Liège en 1981. Il a expliqué : « La photo m'offrait des possibilités graphiques, mais je pris conscience que le trait au burin ou à la plume était plus créateur que la photo. Il fallait choisir. Je suivis de nouveaux chemins de poésie, laquelle m'a conduit dans les arcanes de la peinture et de la sculpture. »

Rudolph Ubach (Ubac)

Né en 1910 à Cologne, mort en 1985 à Dieudonné, Oise

Penthésilée, Silver Gelatin Print, 1937