Il fit ses études au Bauhaus de Weimar, de 1921 à 1925, et fut attiré par le surréalisme pour avoir vu, en 1929, à Ascona, des reproductions de Max Ernst. De 1933 à 1936 il séjourna à Paris, où il fréquenta le groupe surréaliste et exposa avec lui au Salon des Surindépendants.


Richard Oelze affirmait qu'il ne pouvait peindre un paysage que s'il ne l'avait jamais vu. C'est dans ses rêves nocturnes et ses rêveries diurnes qu'il trouvait les images qu'il représentait. Ses tableaux, témoignant d'une utilisation ingénieuse du frottage, décrivaient le plus souvent des person-nages figés dans l'appréhension d'une catastrophe, comme ses figures féminines hallucinées, Frieda, Judith ou Kassandra. Son oeuvre la plus célèbre de cette période, LAttente (1935-1936, New York, Museum of Modern Art), créa l'angoisse rien qu'en montrant de dos une foule d'hommes et de femmes interro-geant un ciel d'orage menaçant ; l'effroi exprimé par leurs attitudes est plus saisissant que si l'on voyait leurs visages effrayés. Alfred Barr Jr, qui organisa l'exposition « Fantastic Art, Dada, Surrealism » au Museum of Modern Art de New York, dit qu'il fut particulièrement impressionné en rendant visite au pauvre atelier de Richard Oelze à Paris : « Depuis des semaines, nous étions plongés jusqu'au cou dans l'art surréaliste, mais nous n'avions cependant rien vu d'aussi troublant que la peinture d'Oelze. » Il choi-sit son tableau Tourments quotidiens et son dessin Frieda pour cette fameuse manifestation qui révéla le surréalisme aux États-Unis. Richard Oelze fut invité aussi à l'Exposition internationale du surréalisme de Londres en 1936 et de Paris en 1938. Après avoir tra-vaillé comme cartographe à Positano, il fut mobilisé en Allemagne pendant la guerre, fait prisonnier par les Américains ; à son retour de captivité, il se fixa en 1946 à Worpswede, un village d'Allemagne du Nord, puis en 1962 à Posteholz. Sa peinture évolua vers des paysages anthropomorphes extrêmement tourmentés, semblables à des états psychiques. Il inventa des petits animaux fantastiques, des homun-cules, des créatures larvaires surgissant des murailles, grouillant dans des nuages à ras de terre ou se déta-chant sur des horizons tragiques. Ses tableaux devin-rent, selon Wieland Schmied, des « images d'après la catastrophe », lorsque « le malheur est arrivé », et que l'on contemple avec une délectation morose ses conséquences : « Des formes qui ont survécu hésitent à s'enfoncer sous la terre et rôdent comme des fantômes dans le domaine intermédiaire d'une demi-réalité.)> Richard Oelze n'a cessé de recevoir des honneurs dans les quinze dernières années de sa vie : en 1965, l'hommage du gouvernement de la Basse-Saxe pour ses soixante-cinq ans ; en 1966, le premier Grand Prix de Rhénanie ; en 1978, le prix Max Beckmann de la ville de Francfort ; après sa mort, le 27 mai 1980, le Grand Prix de la Basse-Saxe à titre posthume. Cette croissante reconnaissance officielle est un paradoxe concernant cet artiste qui, par sa timidité, son inquiétude et son souci d'authen-ticité, avait tout pour être incompris ou méconnu.


Richard Oelze

Né en 1900 à Magdebourg, mort en 1980 à Posteholz. 

Invention of a Dream, 1960