Toute son enfance fut bercée par les récits de navigation dans les mers de Chine et de Malaisie que lui faisait son grand-père, ancien officier de marine ; il en garda un besoin constant d'évasion. Il fut d'abord élève de l'École des langues orientales, où il apprit le japonais et étudia le bouddhisme zen. Décidant de se consacrer à la peinture, il entra en 1904 dans l'atelier de Jean-Paul Laurens à l'Académie Julian, puis eut pour maître Eugène Grasset à l'École des arts décoratifs. En 1913, Apollinaire remarqua une toile de Pierre Roy aux Indépendants, Jeunes Filles sauvages, et accorda son appui au débutant. Après son mariage en 1920, Roy se lia avec ceux qui allaient devenir les surréalistes. Ami de Chirico, il subit son influence, mais il l'influença aussi à son tour, selon Filippo de Pisis. « Vous êtes une des personnes les plus finement intelligentes que j'aie jamais connues et vos derniers tableaux m'ont profondément impres-sionné par l'étrange grandeur qui les anime », lui écrivait Chirico le 20 juin 1925. Pierre Roy participa à la première Exposition surréaliste en 1925, galerie Pierre ; certains de ses tableaux furent accrochés à la Galerie surréaliste et reproduits dans La Révolution surréaliste, si bien qu'André Salmon l'appela « le père du surréalisme », ce qui était exagéré. Pierre Roy peignait des souvenirs d'enfance, évoquait ses jouets disparus, ses émois d'autrefois devant le mystère des choses. Avant de peindre, il construisait une maquette de ce qu'il voulait représenter, et la décri-vait ensuite dans ses moindres détails (Honneur au courage malheureux, 1931, galerie F. Petit ; Une jour-née à la campagne, 1931, Paris, musée national d'Art moderne). Il était collectionneur de galets, de racines et de graines, dont il alimentait ses assemblages d'objets. Il a fait aussi de charmantes illustrations pour un recueil de chansons, Les Comptines (1926), et des décors pour les Ballets des Champs-Élysées. Amateur de voyages, il passait chaque année plusieurs mois hors de France, le plus souvent aux États-Unis, où il fut membre du jury de la fondation Carnegie à Pittsburgh. Pierre Roy a voulu accommoder le sur-réalisme au goût classique, et donner une clarté car-tésienne à l'insolite. En 1967, une rétrospective à la galerie François Petit a remis en honneur ce peintre séduisant, précurseur de Magritte, sans toutefois avoir sa profondeur et sa richesse d'invention.

Pierre Roy

Né en 1880 à Nantes, mort en 1950 à Milan. 

Papillon​, Oil on Canvas, 1933