De père argentin et de mère italienne, elle fut élevée à Trieste, et se situa dès le début de ses travaux en marge du surréalisme, participant en 1936 à l'E xpo_ sition internationale du surréalisme de Londres aux Burlington Galleries, et à celle que le Museum of Modern Art de New York organisa sous le titre de « Fantastic Art, Dada, Surrealism ». Sa première expo-sition, qui eut lieu à la galerie Julien Levy de New York, fut préfacée par Chirico. Dans un style maniériste, Leonor Fini décrivit un univers de racines, de larves, de crânes d'animaux, d'eaux troubles et de brous-sailles, où sévissaient des sorcières et des monstres, plus spécialement des sphinx à tête de femme. Souvent ces créatures se penchaient avec une convoi-tise vampirique sur un jeune homme endormi (Sphinx Amalburga, 1942 ; Stryges Amaouri, 1948). Elle a illustré divers livres, parmi lesquels les Sonnets de Shakespeare (1949), publié un recueil de gravures Portraits de famille (1950), dessiné les costumes du film de Renato Castellani Roméo et Juliette (1953), fait les décors de nombreuses pièces de théâtre, comme ceux de la Bérénice de Racine pour Jean-Louis Barrault (1955) et du Concile d'Amour de Panizza pour Jorge Lavelli 0968). Sa peinture traversa la période des Mères, représentant des femmes gar-diennes d'un oeuf sacré, rouge ou noir, puis évolua vers des évocations de sylphides nues, isolées dans un décor de feuillage ou dans une chambre somp-tueuse, d'apparitions vaporeuses derrière une vitre, de scènes d'initiation sexuelle, avec une technique rappelant celle des émaux. Ses dessins érotiques, Fêtes secrètes 0978), furent d'un style fantomatique. Sa rétrospective, en 1965, au Casino de Knokke-le-Zoute a montré sa progression du baroque à un art plus subtil, dont le contenu pervers ou secret se pare de formes ondoyantes. Mais sa consécration date de sa rétrospective de 1986, au musée du Luxembourg, qui comporta quatre-vingts tableaux, des gouaches, des livres illustrés et des masques. 


Léonor Fini

Née en 1908 à Buenos Aires, morte en 1996 à Paris. 

The Ends of the Earth, Huile sur toile, 1949