Il travailla d'abord, dès 1910, comme employé aux écritures dans une maison de commerce à Barcelone, puis il se mit à peindre, et fréquenta en cette ville l'École d'art de Galf et l'Académie de dessin du Cercle Saint Lluch. En 1918, il se joignit à l'Agrupacio Courbet animé par Artigas, et fit sa première exposition par-ticulière à la galerie Dalmau ; il commença les oeuvres de sa « période détailliste », comprenant des pay-sages, des nus, des natures mortes. Il partit à la conquête de Paris en 1920, mais ni les toiles qu'il réunit à la galerie La Licorne, dans une exposition préfacée par Maurice Raynal, ni celles qu'il exposa au Salon d'Automne, n'eurent de succès. Habitant rue Blomet un atelier voisin du logis d'André Masson, il retournait tous les étés dans la propriété de sa famille à Mont-roig. Lorsqu'il peignit Terre labourée (1923-1924) et Le Carnaval dArlequin (1924-1925, Buffalo, Albright-Knox Art Gallery), il entra avec éclat dans le surréalisme, accueilli avec enthousiasme par les membres du groupe, qui contribuèrent à faire de son exposition à la galerie Pierre, en juin 1926, un évé-nement triomphal. De 1928 à 1931, Mirà poursuivit ce qu'il appela « l'assassinat de la peinture », voulant saccager toute la tradition classique et lui opposer les possibilités nouvelles de l'art des signes. Cela le poussa à copier, en les déformant à l'extrême, des tableaux de maîtres célèbres, avec ses trois Intérieurs hollandais (1928) et ses quatre Portraits imaginaires (1929), et à multiplier les innovations ; il fit ainsi des tableaux-objets, des assemblages, des peintures sur bois, sur cuivre ou sur Masonite, des dessins-collages sur feuille de papier noir ou sur papier de verre. En 1932, il brossa les décors des Jeux d'enfants de Léonide Massine pour les Ballets de Monte-Carlo. Il traversa à partir de 1934 une « période sauvage », où il représenta des monstres, des sujets volontairement déplaisants comme Homme et Femme devant un tas d'excréments (1936). Pendant la guerre d'Espagne, il remit en question ses moyens d'expression, composa l'affiche « Aidez l'Espagne », alla dessiner des nus à la Grande Chaumière et refit des natures mortes. En 1939, réfugié à Varengeville, il exécuta des peintures sur toile de sac, et entreprit les Constellations, série de vingt-deux gouaches qu'André Breton commen-tera par vingt-deux « proses parallèles ». En 1941, la rétrospective du Museum of Modern Art de New York a clos la première partie de son évolution. Après la Seconde Guerre mondiale, il réalisa en 1945 de grandes toiles à fond blanc ou à fond noir, fit alterner les « peintures lentes » et les « peintures spontanées », puis de 1954 à 1959, il cessa totale-ment de peindre pour fabriquer des céramiques avec Artigas, les « terres de grand feu ».


Il créa deux murs de céramique afin de décorer le secrétariat de l'Unesco à Paris (1957-1958), et destina un autre mur de ce genre à l'université de Harvard (1960). Revenant à la peinture, il peignit sur carton, étudia des oeuvres d'un style épuré débutant par ses compositions murales Bleu I, II et III(1961). Dans sa maison à Palma de Majorque, infatigablement, Miré a dès lors accu-mulé les richesses picturales, les trouvailles poé-tiques. «Je travaille comme un jardinier ou comme un vigneron » a-t-il dit, en précisant : « Plus que le tableau lui-même, ce qui compte, c'est ce qu'il jette en l'air, ce qu'il répand. »

Joan Miró

Né en 1893 à Barcelone, mort en 1983 à Palma de Majorque. 

Le coq​, Gouache, aquarelle, et crayon sur papier, 1940