Avec son amie Toyen, dont il fit la connaissance en 1922, Styrsky participa d'abord au groupe Devetsil, où se mêlaient toutes les tendances d'avant-garde, et qui par ses manifestations et sa revue Red informait le public tchécoslovaque de l'état de la pen-sée moderne. Styrsky défendait dans Red une conception de la peinture qu'il appela « l'artificialisme », et qu'il considéra par la suite comme le trait d'union entre le cubisme et le surréalisme : « Le tableau arti-ficialiste provoque des émotions poétiques qui ne sont pas seulement optiques, et excite une sensibilité qui n'est pas seulement visuelle. Il détourne le specta-teur du cercle fermé de son imagination habituelle, détruisant le mécanisme et le système des images continues. » Il a fait une exposition en 1927 à Paris, préfacée par Philippe Soupault. En compagnie d'autres membres de Devetsil, Styrsky fut un des fondateurs, en 1933, du groupe surréaliste tchécoslovaque, dont il illustra la revue Surrealismus. Il se distingua parune série de collages en couleurs, Le Cabinet de déménagement, et par un cycle de tableaux intitulé Racines. Une monographie sur lui fut publiée à Prague en 1938. Avant son suicide, il composa encore une suite de collages violemment anticléricaux. Styrsky fut un peintre essentiellement révolutionnaire, avec des trouvailles à l'emporte-pièce, une poétique plas-tique volontairement dure et agressive. Une rétro-spective de son oeuvre s'est tenue à Prague en 1946; un grand nombre de ses tableaux figurè-rent à l'exposition de « peinture imaginative », orga-nisée par Frantisek Smejkal en 1964 à Hluboka et au musée des Arts décoratifs de Prague. En 1970 fut publiée une édition posthume des Songes, livre où il consigna depuis sa jeunesse ses rêves nocturnes.

Jindrich Styrsky

Né en 1899 à Cermna, ex-Tchécoslovaquie, mort en 1942 à Prague.

Marriage, Collage, 1934