Poète, photographe et créateur d'objets, il a adhéré dès 1938 au groupe surréaliste tchécoslovaque, et a publié des « poèmes réalisés », Casemates du sommeil, où il chercha un nouveau type d'association entre le mot et l'image. Il se cacha durant toute la guerre dans la salle de bains de Toyen, à Prague, sans jamais en sortir, pour éviter d'être appréhendé par les nazis. C'est là qu'il exécuta son cycle de « pho-tographies-graphiques », De la même farine (1944), en mettant de la glycérine ou de la mousse de savon sur le verre dépoli de son appareil. Il vint avec Toyen en 1947 se fixer à Paris, et fut chargé, à l'Exposition internationale du surréalisme chez Maeght, d'édi-fier l'autel dédié à La Dragonne d'Alfred Jarry. Il fut dès 1948 le réalisateur de la revue Néon, pour laquelle il inventa une mise en page originale, aux trouvailles délicates. Il composa aussi trois livres-objets (1950- 1951) et un alphabet surréaliste fait de collages. Lorsqu'il mourut à trente-neuf ans, André Breton déclara « Il fut de 1948 à 1950 l'âme de Néon et jusqu'à ses derniers instants le plus grand enfanteur de projets que son génie lui soufflait le moyen de réaliser comme par enchantement. Sa perte, en ce sens, est illimitable. » 

Jindrich Heisler

Né en 1914 à Chrast (ex-Tchécoslovaquie), mort en 1953 à Paris. 

Untitled, Photo et collage, 1943