Fils du chansonnier Jean Marsac, directeur du cabaret La Lune rousse, il se consacra à la peinture dès 1928 à Paris. Sa première exposition à la galerie Esperanza, en 1932, fit dire de lui : « Il peint comme il rêve. » II suivit pendant quatre ans l'enseignement psychiatrique de l'hôpital Sainte-Anne, où il exécuta en 1936 une fresque pour les murs de la salle de garde. En présentant au Salon des Surindépendants son Appareil à liquider les complexes, il intéressa André Breton qui l'accueillit aussitôt dans le groupe surréaliste. En 1939, Delanglade fut l'organisateur de l'exposition « Le Rêve dans l'art et la littérature », à la Galerie contemporaine, 36 rue de Seine, où il montra beaucoup de dessins d'aliénés. Pendant la guerre, fait prisonnier par les Allemands, il se servit d'une rougie allumée pour dessiner au noir de fumée, en déclarant « Ni les tortures, ni les prisons ne contraindront la marche irrésistible de mes rêves. » Il s'évada lu camp de Bar-le-Duc, résida en 1941 à Marseille et y participa à la réalisation du jeu de cartes des surréalistes. Ce fut d'ailleurs lui, quand André Dimanche les édita, qui unifia le trait de tous les dessins afin d'harmoniser l'ensemble. En 1942, il se cacha dans l'asile de Rodez dirigé par son ami le docteur Gaston Ferdière, et eut une bonne influence sur Antonin Artaud, qu'il incita à dessiner : «Je l'entraînai dans l'atelier où je peignais en dehors de toute contrainte, pour "l'amuser" avec des couleurs. C'est là qu'il esquissa avec un grand soin mon portrait au fusain, qu'il effaça et recommença plusieurs fois. » Delanglade fit à Rodez un beau portrait à l'huile d'Artaud, et des « compositions surréalistes », comme Le Rêve d'une femme frigide. En 1945, constatant que sa fresque de Sainte-Anne avait été supprimée sous l'Occupation, il engagea une bande d'amis (Ôscar Dominguez, Jacques Hérold, Maurice Henry, Marcel Jean, etc.) pour la remplacer par une fresque collective. Dans la préparation de l'Exposition internationale du surréalisme de 1947, Frédéric Delanglade fut l'homme à tout faire chez Maeght, assisté de l'artisan Zigoto. En 1958, il présenta À Lys, « divagation onirique sur Alice au pays des merveilles », sous la forme de « douze poèmes magiques et illustrés ». En 1963, sa rétrospective en Suisse (à Zurich et à Genève) comporta des gouaches, des dessins et des œuvres en cristaux de verre. Comme la fresque collective de Sainte-Anne avait disparu lors de la réfection du bâtiment, il en peignit tout seul une autre en 1964, L'Arbre à mains, mais elle sera détruite l'année suivante par vandalisme. À la fin de sa vie, Frédéric Delanglade fit de curieux dessins au stylo à bille sur parchemin, et prenant pour thème la tauromachie, réalisa en 1966 chez Mourlot Taurorama, un dépliant de vingt-quatre volets représentant les moments forts d'une corrida.


Frédéric Delanglade

Né en 1907 à Bordeaux, mort en 1970 à Montfavet.

Projets de dos pour le jeu de Marseille, Carte à jouer, 1941