La fille d'André Breton et de Jacqueline Lamba, celle qu'il appela « Écusette de Noireuil » (en permutant les syllabes de « noisette d'écureuil ») dans la lettre qu'il lui adressa lorsqu'elle avait huit mois, a témoi-gné dès l'adolescence de sa sensibilité poétique et de sa fidélité au message de son père. Son enfance fut soumise aux tribulations de ses parents qui s'exi-lèrent durant la guerre : à six ans, elle vécut avec eux dans la Villa Air-Bel de Marseille ; elle embar-qua sur le cargo Capitaine Paul Lemerle qui fit escale à la Martinique, en compagnie d'André Masson, de Wifredo Lam et de bien d'autres ; elle habita à New York l'appartement de Bleecker Street réservé pour le couple et connut les réunions des surréa-listes en exil. Quand Jacqueline Lamba quitta Breton en 1943 pour s'unir avec le peintre et sculpteur David Hare, qui l'emmena séjourner à Long Island, puis dans le Connecticut, Aube dut suivre sa mère et son beau-père. Breton avoua dans Arcane 17 combien il fut malheureux d'être séparé de sa fille. Il a dit aussi dans un poème sa joie de la retrouver à la faveur de l'Exposition internationale du surréalisme de 1947 chez Maeght. Ressemblant beaucoup à son père, Aube resta désormais attachée, de près ou de loin, au groupe surréaliste d'après-guerre. Elle épousa en 1956 le poète Yves Elléoue, auteur d'un « journal intemporel », La Proue de la table (1967) ; ils allèrent vivre à Saché en Touraine, auprès de Calder, et adoptèrent en 1971 une petite Coréenne, Oona. Peu après avoir publié son beau Livre des rois de Bretagne, Yves Elléouêt mourut en 1975. Aube, qui avait commencé à faire des collages depuis 1970, s'y adonna avec une application de plus en plus grande, et fit sa première exposition à la galerie Le Triskèle à Paris en 1977. À partir de 1980, elle réalisa d'autres expositions personnelles à Brest, à Bordeaux, à Villeneuve-Loubet, à Tokyo, à Azay-le-Rideau, à Concarneau, et participa à des expositions collec-tives, comme la FIAC de 1991. Aube a toujours fait ses collages dans un esprit surréaliste, pur et large, et son père aurait été enchanté de constater qu'elle s'aventurait aussi loin sur les traces de Max Ernst, avec des réussites incontestables. 

Aube Elléouët

Née en 1935 à Paris.  

La Nautile, Collage, 1996